Fin mars, la chorale accueillait Laurence Saltiel. Au programme, l'improvisation, formidable outil pour la découverte de soi, des ses limites et de leurs franchissements, de son émotion, de l'ensemble et de l'individu.

Laurence est une passionnée de jazz vocal, et tout comme son sourire, elle communique pleinement cette ferveur. Sa technique de communication : l'improvisation. Une femme ordinaire qui passerait presque inaperçue si ce n'est une abondante chevelure frisée.
Frêle, à ses premiers mots, son invitation au chant porte une touche de timidité. Mais dès la seconde mesure, cette invitation se fait plus décisive, enjouée, rien ni personne ne peut y résister. Pas une note, pas une syllabe qui ne soit accompagnée d'un geste du corps et chaque élève entre dans la danse. De ces gestes du quotidien dont la pratique en chantant donne au jazz vocal un caractère habituel.
Maintenant on sait que cette musique est dans notre peau. Nul n'a besoin d'être un prodige, sur un souffle mesuré, chacun possède sa réussite. Chacun à sa place, l'un après l'autre, une voix, un chœur, quelques syllabes et quelques notes sans lien apparent si ce n'est deux petites mesures, pour plonger au cœur du jazz.
Tour à tour chanteur, soliste ou "chef", on s'invente, on improvise bref "je suis, nous sommes".

L'invitation à l'improvisation de Laurence Saltiel permet de déformer, reformer et former : étendre, détendre et compresser. En déstructurant un thème, Laurence vous conduit jusqu'à la cacophonie organisée. Jusque-là sans comprendre, les chanteurs découvrent leur voix, leurs limites, l'harmonie du groupe, le sens de la rythmique, l'écoute de l'autre… Après un tel stage d'improvisation, le jazz, si souvent élitiste, revêt son habit d'origine, il est populaire.

Le Travailleurs Catalan - 25 avril 2002